À L'ombre de la grande pyramide

Au moment où Pierre DUDIEUZÈRE annonce officiellement sur son site de campagne la présence de son fils Christophe sur sa liste pour les élections municipales de mars 2014 (cliquez ici pour accéder à son site de campagne), il ne me semble pas inutile de raconter aux électrices et électeurs vendarguois la petite histoire suivante.

« Il était une fois, sur les bords de la mer Méditerranée, dans la province d'Occitanie, une ville toute faite de pyramides qui était sortie de terre à partir du milieu des années soixante par le décret du Prince de Gaulle Charles et la magie de son grand sorcier Jean Balladur au milieu des dunes des terres de Melgueil. Lorsqu'après une dizaine d'années, assez de pyramides furent sorties de terre, en 1974, la cité des pyramides devint une commune à part entière, détachées des terres de Melgueil dont elle faisait jusqu'alors partie, et élut son premier maire. Cet honneur revint à un sire du nom de René Couveinhes. Régulièrement réélu à chaque nouvelle élection et sentant venir le temps de la retraite, il aurait bien aimé léguer son fief de La Grande-Motte à son fils Philippe. Mais cela ne se pouvait puisque, tous les six ans, dans notre doux pays de France, le maire doit remettre son mandat en jeu devant ses électeurs. Le sire Couveinhes imagina alors le stratagème suivant lorsqu'approchèrent les élections municipales de 1989, où il se sentait sûr d'être réélu, mais doutait que, s'il laissait la place à son fils, peu connu des manants de La Grande-Motte, celui-ci parvienne à se faire élire, malgré son nom. Il décida donc de se représenter une dernière fois en tête de liste et fit accepter de ses colistiers l'entrée de son fils en dernière position sur sa liste, donc non éligible, histoire de boucler cette liste. Mais, lorsqu'il fallut aller enregistrer la liste à la préfecture, il se chargea lui-même de cette besogne et, au dernier moment, sans en avoir discuté avec qui que ce soit, et surtout pas avec ses colistiers, il changea la position de son fils sur la liste pour le faire monter à une positon éligible. Inutile de dire que ses colistiers n'apprécièrent pas la manœuvre lorsqu'il la découvrirent, mais il était trop tard pour revenir en arrière, ce qui était fait était fait. Et c'est ainsi que son fils fut parmi les élus de sa liste et se retrouva conseiller municipal de La Grande-Motte.

Le sire Couveinhes père, réélu maire de son fief de La Grande-Motte, laissa alors s'écouler environ quatre ans avant de passer à la phase deux de la manœuvre. Pendant ce temps, profitant de la remise en jeu en 1992 de son siège de conseiller général du canton de Montpellier III, mandat qu'il avait depuis 1973, il passa le flambeau à son fils, qui fut élu conseiller général à sa place dans ce canton dont ne faisait pas partie La Grande-Motte. Et puis, un beau jour de 1993, lors d'un conseil municipal ordinaire, sans en avoir rien laissé filtrer à l'avance et sans avoir inscrit ce point à l'ordre du jour prévisionnel du conseil, il annonça au conseil qu'il démissionnait de son mandat de maire (*) et organisa sur le champ une élection pour désigner son remplaçant comme maire, à laquelle il présenta son fils Philippe, conseiller général depuis peu. Personne dans son équipe n'osa s'élever contre lui et son fils fut donc élu maire puisqu'elle était majoritaire au conseil municipal. Et voilà comment le fils prit la succession de son père sans avoir eu à se présenter aux électeurs comme futur maire.

Mais si les élus de la liste Couveinhes de 1987 n'avaient rien osé dire sur ces manigances, les électeurs ne l'entendirent pas de cette oreille et, aux éléctions municipales suivantes, en 1995, ils sortirent le fils du siège de maire que lui avait ainsi transmis son père sans leur avis, et avec lui toute l'équipe qui avait cautionné sans broncher cette manœuvre du père. »

Post scriptum : Pierre DUDIEUZÈRE fut le suppléant de Réne Couveinhes lors de son dernier mandat de député, de 1993 à 1997. Il considère René Couveinhes comme son mentor en politique et n'hésite pas à prendre modèle sur lui...

(*) Rappelons que le maire n'est pas élu directement par les électeurs de la commune. Ceux-ci élisent un conseil municipal et c'est le conseil municipal qui élit le maire et les adjoints. Rien dans la loi n'impose que le maire soit celui qui était en tête de la liste, même si c'est le plus souvent le cas. Et le fait que, pour une raison ou pour une autre, le maire perde ou quitte son mandat de maire en cours de mandature n'implique nullement une nouvelle élection du conseil municipal, mais seulement une nouvelle élection du maire par les conseillers municipaux en place. La seule chose qui peut provoquer une nouvelle élection du conseil municipal est le fait que le conseil municipal ait perdu un tiers au moins de ses membres, pour une raison ou pour une autre, successivement ou en même temps. Mais attention ! Lorqu'un conseiller municipal démissionne, meurt ou que son siège devient vacant pour une raison ou pour une autre, dans les communes de plus de 3500 habitants où les conseillers sont élus au scrutin de liste, c'est le premier non élu dans la liste dont il est issu qui prend sa place (article L 270 du code électoral, s'appliquant aux communes de plus de 3500 habitants). Ceci signifie que, pour provoquer un renouvellement du conseil municipal entre deux élections municipales, il ne suffit pas qu'un tiers des conseillers municipaux donnent leur démission. Il faut encore obtenir la démission de tous les non élus de la liste ou des listes dont sont issus les démissionnaires, c'est-à-dire de ceux qui seraient appelés à les remplacer en cas de démission.


Le site de Bernard SUZANNE, ancien conseiller municipal de VENDARGUES (Hérault)
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Dernière mise à jour le 27 décembre 2013