ne pas confondre
maire honoraire
ET
Maire honorable

Ce jour, 10 mars 2021, je trouve dans ma boîte à lettres, comme probablement tous les Vendarguois ces jours-ci, un luxueux tract en couleurs recto-verso format A4 intitulé « Monsieur le maire vous informe » (accessible sur ce site en cliquant ici), reproduisant une information déjà disponible sur le site officiel de Vendargues (https://www.vendargues.fr/actualite/autre/02-mars-2021/cest-acte, https://www.vendargues.fr/sites/default/files/ressources/photos/courrier_maire_honoraire_population-1.jpg, https://www.vendargues.fr/sites/default/files/ressources/photos/courrier_maire_honoraire_population-2.jpg) et que j'avais déjà reçu par mail, comme sans doute beaucoup d'autres vendarguois dès le 3 mars dernier, annonçant que « Pierre Dudieuzère est désormais le Maire Honoraire de Vendargues ! » (avec des majuscules indues à « maire » et à « honoraire » et un « le » de trop, car rien n'interdit qu'il puisse y avoir plusieurs maires honoraires d'une même commune en même temps puisque, selon le code général des collectivités territoriales, article L. 2122-35, il suffit d'avoir effectué trois mandats de six ans, soit 18 ans dans la fonction, pour pouvoir accèder à l'honorariat comme ancien maire).

Lorsque Pierre Dudieuzère avait cessé ses fonctions de maire en juin 2020, j'avais supprimé de ce site les pages où je parlais de ses ennuis judiciaires, que j'y avais maintenu tant qu'il était en fonction. Mais si son successeur, Guy Lauret, le ramène sur le devant de la scène et vante ses actions passées, j'estime qu'il n'y a pas de raison de ne montrer qu'un côté du personnage et que les Vendarguois ont autant droit à voir rappeler ses erreurs que ses succès et que ce n'est pas plus ressasser le passé de rappeler qu'il a été condamné définitivement pour corruption passive, trafic d'influence passif et recel d'abus de biens sociaux par la cour d'appel de Montpellier le 8 octobre 2002 à 18 mois de prison avec sursis et 2.000 € d'amende que de rappeler, comme le fait Guy Lauret, que les trois décennies de ses mandats « ont transformé Vendargues et en ont fait ce fameux "village où il fait bon vivre" » (sauf pour son maire, qui habitait lorsqu'il était maire de Vendargues et habite toujours Castries), qu'il « n'a eu de cesse d'accompagner, de soutenir, d'intervenir, voire parfois de se fâcher, pour défendre ce qui lui semblait juste (mais qui ne le semblait pas toujours à la Justice) pour faire avancer une cause ou un dossier » et que, s'il a toujours « respect[é] le résultat des urnes », il n'a pas toujours respecté dans l'exercice de ses mandats les lois qu'il était censé faire appliquer dans sa commune. Je réactive donc le dossier qui relate l'affaire qui lui a valu sa condamnation et qui donne accès à la copie intégrale de l'arrêt de la cour d'appel de Montpellier qui l'avait condamné, c'est-à-dire non pas à ma version de l'histoire, mais à celle des juges qui l'ont condamné.

Je sais que sa condamnation a été effacée de son casier judiciaire par réhabilitation automatique 10 ans après la fin de sa peine, conformément à l'article 133.13, alinéa 3 du code pénal, que la fin de sa peine, dans le cas d'une peine avec sursis, est intervenue 5 ans après que le jugement le condamnant soit devenu définitif (voir article 133.13, alinéa 3 du code pénal et article 132-35 du même code), et que donc cet effacement du casier est intervenu en octobre 2017, mais je ne me place pas ici sur le plan strictement judiciaire concernant un citoyen privé, mais sur le plan de l'histoire de Vendargues et de faits concernant une personne publique, son maire à l'époque des faits mentionnés, et dans le cadre d'un rappel de l'histoire de ce maire par son successeur, Guy Lauret, pour apporter quelques compléments moins glorieux à cette histoire, que j'estime que les Vendarguois qui reçoivent le courrier annonçant l'honorariat de Pierre Dudieuzère ont autant le droit de connaître que ceux que rappelle son thuriféraire de successeur. Sachant ce que je sais des « exploits » judiciaires de Pierre Dudieuzère, après avoir dû vivre près de 20 ans dans une commune gérée par un maire corrompu, je ne peux pas laisser dire sans réagir par le maire actuel sa « fierté de vivre au sein de cette République, qui comme aujourd'hui sait honorer ses enfants les plus méritants ». Un maire condamné pour corruption n'est pas un des enfants les plus méritants de la République, pas plus d'ailleurs qu'un président de la République, Jacques Chirac, condamné pour détournement de fonds et abus de confiance, ce qui n'a d'ailleurs pas empêché le maire corrompu de donner comme exemple à la population de sa commune le président de la République détourneur de fonds publics en donnant son nom à la halle des sports de sa commune (qui se ressemble s'assemble !). Malheureusement, la loi française ne prévoit qu'on puisse refuser l'honorariat qu'à un élu condamné à une peine d'inéligibilité (voir l'article du CGCT cité plus haut), ce qui n'a pas été, hélas, le cas de Pierre Dudieuzère.

Et je puis m'appuyer pour réactiver cette page malgré sa réhabilitation sur des exemples notoires. Je n'en citerai que deux : la page de Wikipédia concernant Alain Carignon, ancien maire de Grenoble et ancien ministre, toujours vivant et qui était à nouveau candidat à la mairie de Grenoble aux dernières élections municipales, qui contient toute une section intitulée « Condamnations judiciaires » qui fait état de condamnations remontant à 1996 et 1999, informations qui étaient accessibles pendant la campagne municipale de 2020 dans laquelle il était candidat, et la page de Wikipédia concernant Michel Noir, ancien ministre et ancien maire de Lyon, lui aussi toujours vivant, qui contient une section intitulée « Fin de carrière politique », qui fait état de condamnations remontant à 1996 et 2003. Et d'ailleurs, les numéros de La Gazette de Montpellier, du Midi Libre et autres journaux contenant des articles sur l'affaire concernant Pierre Dudieuzère (dont certains sont accessible en copies dans la page réactivée de mon site sur cette affaire) sont encore en libre consultation aux archives de ces journaux, et sans doute digitalisés, sans qu'on ait retiré ces articles lors de sa réhabilitation. Et je considère mon site comme un site d'informations municipales locales à Vendargues, donc à caractère journalistique et non privé.

En conclusion, maire honoraire ne veut pas nécessairement dire maire honorable.


Le site de Bernard SUZANNE, conseiller municipal de VENDARGUES (Hérault)
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Dernière mise à jour le 10 mars 2021