Bassin écologique,
AVIS DE L'AFSSET du 30/07/2009

« Pour ce qui concerne particulièrement les baignades à traitement biologique ouvertes au public (« piscines biologiques »), l’AFSSET considère que le niveau de maîtrise des risques sanitaires proposé par les constructeurs est aujourd’hui insuffisant pour un développement libre de ces baignades en fréquentation publique. »

« L’efficacité de la filière de traitement est très incertaine car elle met en œuvre de façon artificielle un écosystème complexe dont le fonctionnement, encore mal connu, ne peut être considéré comme maîtrisé en l’état actuel des connaissances. »

Le projet de bassin écologique qu'avait présenté le maire lors de la dernière campagne municipale et que nous avions alors largement critiqué (voir notre page sur ce projet) a été amendé mais est toujours d'actualité, comme l'a confirmé le maire lors du conseil municipal du 14 mai 2009 en annonçant l'achat de la partie du bois de Saint-Antoine qui n'appartenait pas encore à la commune. Du fait de cet achat, le maire a décidé de modifier l'emplacement du bassin écologique pour ne plus le situer sous des lignes à haute tension (voir nos remarques à ce sujet dans la section « Sécurité » de notre page sur le projet), sans préciser quel serait le nouvel emplacement, mais comme l'origine du projet était la présence supposée d'une source à l'emplacement initilement choisi et qu'il n'est pas possible de déplacer la source, si tant est qu'elle existe bien (voir la section « Alimentation en eau » de notre page sur le projet), on ne voit plus trop comment sera alimenté ce bassin, sinon par l'eau du Bas-Rhône, destinée en l'état à l'irrigation et donc non potable, et de plus payante ! Et se pose toujours le problème de l'incompatibilité de cet équipement avec le POS (voir la section « Compatibilité avec le POS de Vendargues » de notre page sur le projet) qui interdit dans un tel secteur, espace boisé classé, tout déboisement, affouillement (déblai) ou exhaussement (remblai) et toute construction.

Mais ce dont je voudrais surtout faire état ici, qui constitue un élément nouveau par rapport à mes critiques antérieures, c'est d'un avis de l'AFSSET (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) sur les baignades artificielles publié le 30 juillet 2009, suite à une demande formulée le 22 décembre 2006 par les ministères en charge de la santé, de l’écologie et du développement durable, dans laquelle « il était demandé de porter une attention particulière au cas des installations publiques de baignades commercialisées sous l’appellation « piscines biologiques ou écologiques », dont un exemple est la baignade publique de Combloux en Haute Savoie » (Avis, Présentation de la question posée, p. 2), celle justement qui a inspiré son projet au maire. Le rapport d'expertise qui a conduit à cet avis contient donc, en section 8.5, pages 94 et suivantes, une étude de cas spécifique sur la baignade de Combloux, dont le rapport dit par ailleurs en p. 48 qu«'« il s'agit d'un site pilote, expérimental et dérogatoire à la réglementation en vigueur » en fonctionnement depuis 2001 et présentant toujours des problèmes (voir section 8.5.2, Historique et évolution de la baignade, pp. 96-97). Il précise en outre « que sa situation particulière en zone montagneuse d’altitude et que son profil de fréquentation particulier (cf. p. 98 : « compte tenu de sa localisation géographique en altitude et des conditions climatiques associées, la fréquentation observée de la baignade est en grande partie concentrée entre le 15 juillet et le 15 août ») contribuent également à la singularité de cette baignade : ces paramètres limitent en effet l’occurrence d’un éventuel risque sanitaire microbiologique et ne sont pas représentatifs du territoire national » (section 8.56., Conclusions, 3ème paragraphe, p. 100) ; en d'autres termes le contexte spécifique de la baignade de Combloux fait qu'elle est moins sujette aux types de problèmes que pose ce genre d'installations, et pourtant, il y en a, qui ne sont toujours pas résolus après 7 ou 8 ans de fonctionnement expérimental !

En fin de compte, l'AFSSET émet des doutes sérieux sur la sécurité sanitaire du procédé que veut utiliser le maire pour son bassin écologique et considère prématuré leur libre commercialisation.

Le rapport complet de l'AFSSET (« Risques sanitaires liés aux baignades artificielles, évaluation des risques sanitaires, Avis de l'Afsset et Rapport d'expertise collective ») est accessible sur son site Internet en cliquant ici, ainsi que le communiqué de presse intitulé « L’AFSSET demande que soit créée une réglementation sanitaire pour les baignades artificielles publiques » qui en accompagnait la publication, et dans lequel on peut lire ce qui suit (les caractères gras et soulignés le sont dans le texte original, les caractères en rouge ont été mis en rouge par moi) :

« L’Afsset publie aujourd’hui un rapport sur les baignades artificielles ouvertes au public. Ces baignades se sont développées ces dernières années, entre les « baignades naturelles » de pleine eau (mer, lac, rivière) et les piscines publiques. Elles ne font cependant l’objet d’aucune réglementation sanitaire et donc d’aucune obligation de contrôle des eaux. Il s’agit de baignades créées artificiellement où l’eau est captée et maintenue captive comme, par exemple, les étangs artificiels, réservoirs, barrages, gravières, bassins à marée, ainsi que les baignades à traitement par filtration biologique, souvent appelées piscines « naturelles », « biologiques » ou « écologiques ».

« Leur caractère plus naturel que les piscines leur vaut un grand essor. C’est pourquoi l’Afsset considère qu’il est urgent de les réglementer pour en organiser le développement et écarter les risques sanitaires principaux. Les travaux de l’Afsset ne visent que les baignades ouvertes au public qui sont susceptibles de concentrer un grand nombre de baigneurs. Elles accueillent aussi des populations sensibles (enfants, personnes âgées) et professionnelles (maîtres nageurs, personnels d’entretien) qui s’exposent durablement. L’une et l’autre méritent protection. »

« Les risques sanitaires peuvent être plus élevés pour ces baignades artificielles que pour les autres baignades naturelles ou les piscines : l’eau ne court pas (ou peu) naturellement ; elle n’est pas désinfectée comme dans les piscines. Pourtant les dangers sanitaires à traiter sont les mêmes que pour les baignades : germes apportés par les baigneurs, microalgues toxiques qui peuvent s’y développer, ou encore pathogènes issus de l’environnement (eau de remplissage, ruissellements d’eaux souillées, intrusion d’animaux, etc.). »

[...]

« Pour ce qui concerne particulièrement les baignades à traitement biologique ouvertes au public (« piscines biologiques »), l’Afsset considère que le niveau de maîtrise des risques sanitaires proposé par les constructeurs est aujourd’hui insuffisant pour un développement libre de ces baignades en fréquentation publique. Le traitement naturel et sans traitement chimique (chloration) doit encore être amélioré en ce qui concerne l’efficacité de la maîtrise des pathogènes potentiels et des algues. »

« L’Afsset demande de faire rentrer les baignades à traitement biologique actuelles dans un programme expérimental avec la mise en place sans délai d’un suivi hebdomadaire de la qualité des eaux, la limitation du nombre de baigneurs et l’amélioration des mesures d’hygiène. Les concepteurs sont invités à faire un effort de recherche et développement pour améliorer la conception des installations. »

Le document publié par l'AFSSET (Avis et Rapport d'expertise) est plus précis sur tous ces points.

L'AFSSET précise certaines caractéristiques communes aux installations visées par son étude :

et « souligne par ailleurs que l’utilisation du terme « piscine » dans la dénomination et la promotion marketing de ces baignades à traitement par filtration biologique est inadapté et trompeur pour le baigneur, puisque l’eau n’est pas de qualité « désinfectée et désinfectante ». » (Avis, p. 4)

Dans la section intitulée Estimation des risques sanitaires, « l’Afsset souligne qu’une maîtrise efficace des dangers sanitaires ne peut être garantie à ce jour pour les baignades artificielles à traitement par filtration biologique, notamment en situation de dysfonctionnement ou de contamination microbienne. Cette conclusion est basée sur les constats suivant :

À propos des proliférations d'algues, le rapport d'experts joint, en page 18, est plus précis, puiqu'il parle des « proliférations algales récurrentes observées » qui « sont le témoin d’un déséquilibre fréquent du système » : ces observations effectives n'ont pu être faites que sur la baignade de Combloux, la seule en France de ce type ouverte au public. Alors, si, dans une zone de montagne, à plus de 1000 mètres d'altitude, dans un bassin alimenté par l'eau potable de la ville (cf. Rapport, paragraphe 8.5.3.1, p. 97), les algues prolifèrent de manière récurrente en été, qu'en sera-t-il à Vendargues, situé presque au niveau de la mer et sous le soleil d'été du midi ?!...

Parmi les recommandations (Avis, pp. 8 et suivantes), on peut noter au niveau des prescriptions techniques minimales à respecter : 

En conclusion de son avis, et en ce qui concerne plus spécifiquement les « baignades artificielles à traitement par filtration biologique et ouvertes au public, l’Afsset considère prématuré leur libre commercialisation. Elle encourage la mise en œuvre sans délai d’un programme expérimental d’accompagnement de leur développement » et « recommande d’autoriser à titre dérogatoire dans le cadre d’une étude expérimentale l’implantation d’un nombre très limité de nouvelles baignades artificielles à traitement par filtration biologique (une dizaine par exemple), sur la base d’un dossier technique soumis à expertise indépendante faisant la preuve d’une efficacité suffisante » (Avis, p. 13). Bref, il est peu probable que Pierre DUDIEUZÈRE puisse décider seul d'implanter un tel équipement sur Vendargues et, s'il doit soumettre son dossier à une autorité extérieure qui ne pourra retenir qu'une dizaine de projets sur toute la France, le caractère totalement artificiel du projet de Vendargues, implanté dans une zone que rien ne prédispose à un tel équipement, loin de là, et les incompatibilités notoires avec le POS de la commune ne manqueront pas de sauter aux yeux de ceux qui auront à sélectionner les projets et les conduiront très probablement à rejeter celui de Vendargues.

Mais peut-être Pierre DUDIEUZÈRE ne serait-il pas mécontent d'avoir par ce biais une porte de sortie lui permettant de ne pas avoir à tenir une promesse électorale tirée du chapeau pour avoir quelque chose à proposer face à ses concurrents sans que la responsabilité lui en incombe !...


Le site de Bernard SUZANNE, ancien conseiller municipal de VENDARGUES (Hérault)
Accueil - Actualité - Dossiers - Documents - PV des CM - Aide
Liens utiles - Qui suis-je - Me contacter
Dernière mise à jour le 15 août 2009