Spécial Impôts
Taxe d'habitation 2005

Un tract non signé intitulé « Spécial Impôts » distribué ces jours-ci (20 décembre) dans les boîtes à lettres des Vendarguois s'appuie sur un article du Midi Libre daté du 29 novembre 2005 et intitulé « Fiscalité Agglo : le grand écart de la taxe d'habitation » pour suggérer que la pression fiscale à Vendargues est « volontairement basse » et que les Vendarguois s'en sortent bien mieux que leurs voisins de « Baillargues, Jacou, Le Crès… »

S'agirait-il d'une réponse indirecte d'un maire qui préfère l'anonymat à notre demi-page dans le dernier numéro de « Au Fil des Pages » où nous comparions le budget de fonctionnement de Vendargues à celui des communes voisines de l'agglo, Baillargues, Castries, Jacou et Le Crès ?

D'où que vienne ce papier, qu'on nous permette deux remarques à son propos : l'une sur la manière pour le moins contestable dont le Midi Libre a effectué sa comparaison, et l'autre, plus fondamentale, sur la portée plus que limitée de cette réponse par rapport à nos constatations.

Un classement contestable

Il est bien connu qu'on peut faire dire à peu près ce qu'on veut aux chiffres ! Dans le cas qui nous occupe, quel critère a retenu le Midi Libre pour effectuer son classement ? Ce classement est effectué sur la base du montant théorique de taxe d'habitation que payerait un habitant de la commune sans enfants dont le logement aurait pour valeur locative la valeur locative moyenne des logements de la commune. Les différences constatées cumulent donc deux effets :

En d'autres termes, les différences constatées combinent l'effet dû à la politique fiscale des majorités municipales à l'effet dû à la richesse moyenne des habitants de la commune, dans la mesure où, en moyenne au moins, les logements dont la valeur locative est plus élevé sont occupés par des personnes dont les revenus sont plus élevés. Cet apparent souci d'objectivité du Midi Libre (combient paye une famille « moyenne » de la commune ?) est donc fallacieux et trompeur, car la famille « moyenne » selon le critère retenu (valeur locative moyenne pour la commune) n'est pas la même famille d'une commune à l'autre ! Tout le monde comprendra que la famille moyenne habitant à Montferrier ou à Saint-Clément (respectivement premier et second au hit-parade des valeurs locatives, avec 5.055 €/mois pour Montferrier et 4.805 €/mois pour Saint-Clément) n'est pas la même et n'a pas les mêmes revenus que la famille moyenne habitant Candillargues ou Lansargues, en bas de tableau pour les valeurs locatives, avec 2.888 €/mois et 2.877 €/mois, et que donc la comparaison ne porte pas sur ce payerait la même personne selon que (à supposer que ses revenus le lui permettent) elle habite soit a Candillargues, soit à Montferrier.

Le tableau ci-dessous donne le classement des communes étudiées dans le Midi Libre par valeur locative moyenne décroissante.

  Commune Valeur locative moyenne Taux communal TA moyenne part commune
1 Montferrier-sur-Lez 5 055 11,95% 604
2 Saint-Clément-de-Rivière 4 805 9,89% 475
3 Le Crès 4 468 15,64% 699
4 Juvignac 4 451 18,06% 804
5 Castelnau-le-Lez 4 383 17,44% 764
6 Saint-Jean-de-Védas 4 331 14,12% 612
7 Clapiers 4 323 17,93% 775
8 Saint-Georges-d'Orques 4 210 19,94% 839
9 Pérols 4 195 15,93% 668
10 Saint-Aunès 4 193 10,66% 447
11 Lavérune 4 180 11,18% 467
12 Saint-Gély-du-Fesc 4 049 11,60% 470
13 Fabrègues 3 932 13,65% 537
14 Prades-le-Lez 3 859 21,80% 841
15 Murviel-lès-Montpellier 3 804 15,10% 574
16 Castries 3 731 11,97% 447
17 Saint-Drézéry 3 695 14,62% 540
18 Pignan 3 590 15,96% 573
19 Jacou 3 553 20,72% 736
20 Saussan 3 468 14,25% 494
21 Lattes 3 438 17,98% 618
22 Sussargues 3 436 13,50% 464
23 Cournonsec 3 406 14,67% 500
24 Cournonterral 3 405 16,01% 545
25 Grabels 3 356 16,96% 569
26 Vendargues 3 278 17,73% 581
27 Baillargues 3 268 22,92% 749
28 Saint-Brès 3 122 13,56% 423
29 Saint-Géniès-des-Mourgues 3 095 12,75% 395
30 Mudaison 3 053 11,68% 357
31 Montaud 3 028 8,41% 255
32 Villeneuve-lès-Maguelone 2 982 18,52% 552
33 Beaulieu 2 979 13,40% 399
34 Restinclières 2 945 14,50% 427
35 Mauguio 2 922 15,04% 439
36 Candillargues 2 888 10,30% 297
37 Lansargues 2 877 12,17% 350
38 Montpellier 2 794 21,34% 596
39 La Grande-Motte 2 471 10,89% 269
40 Palavas-les-Flots 2 421 15,35% 372

L'examen des trois dernières lignes de ce tableau est intéressant, en ce qu'il montre les limites du concept de « valeur locative moyenne ». Le 38ème sur 40 dans ce tableau, derrière Candillargues et Lansargues n'est autre que… Montpellier ! C'est en effet la seule commune où, par l'effet de la taille, un véritable effet de « moyenne » puisse se produire, en particulier du fait de la coexistence dans cette ville de quartiers résidentiels pour personnes à hauts revenus et de logements sociaux en grand nombre. Mais la comparaison qui serait instructive et significative n'est pas la comparaison de la taxe d'habitation payée par le résident « moyen » de Montpellier dans son ensemble avec celle payée par le résident « moyen » de Montferrier, mais de celle payée par le résident « moyen » du quartier de l'Aiguelongue à Montpellier avec celle payée par le résident « moyen » de Montferrier, et encore !

Quant aux deux dernières communes de la liste, elles mettent en évidence un autre effet pervers d'une telle approche, puisqu'il s'agit des deux stations balnéaires de l'échantillon (Carnon n'est pas une commune à part entière, mais fait partie de la commune de Mauguio), c'est-à-dire de deux communes atypiques par rapport au reste de l'échantillon aussi bien en matière de typologie des habitations (nombre, taille, etc.) que d'occupation de celles-ci et pour lesquelles la notion de « valeur locative » est très artificielle puisque les loyers de nombreux logements varient dans des proportions considérables entre l'été et le reste de l'année. Elles sont encore atypiques par le nombre de logements par rapport au nombre de résidents « permanents » (donc de « contribuables » par rapport aux services à fournir) et par les besoins spécifiques qu'induit l'activité touristique, saisonnière par nature.

Plus globalement, le fait qu'une commune puisse profiter de ce que ses bases d'imposition sont plus élevées (valeur locative moyenne plus haute) pour réduire la pression fiscale sur ses contribuables ne doit pas grand chose aux compétences propres du maire, qui ne fait qu'hériter d'une situation favorable (dans le cas de Vendargues, 26ème au classement des valeurs locatives, ce n'est pas là la raison qui explique des taux que le maire prétend bas, comme nous l'expliquerons dans la seconde partie de ce commentaire).

Bref, qu'on le veuille ou non, c'est encore la comparaison des taux eux-mêmes qui permet le mieux de comparer ce qu'une même famille payerait selon la commune où elle choisirait de résider dans un logement de valeur identique compatible avec ses revenus. Et selon ce critère de taux, on arrive au tableau suivant :

  Commune Valeur locative moyenne Taux communal TA moyenne part commune
1 Baillargues 3 268 22,92% 749
2 Prades-le-Lez 3 859 21,80% 841
3 Montpellier 2 794 21,34% 596
4 Jacou 3 553 20,72% 736
5 Saint-Georges-d'Orques 4 210 19,94% 839
6 Villeneuve-lès-Maguelone 2 982 18,52% 552
7 Juvignac 4 451 18,06% 804
8 Lattes 3 438 17,98% 618
9 Clapiers 4 323 17,93% 775
10 Vendargues 3 278 17,73% 581
11 Castelnau-le-Lez 4 383 17,44% 764
12 Grabels 3 356 16,96% 569
13 Cournonterral 3 405 16,01% 545
14 Pignan 3 590 15,96% 573
15 Pérols 4 195 15,93% 668
16 Le Crès 4 468 15,64% 699
17 Palavas-les-Flots 2 421 15,35% 372
18 Murviel-lès-Montpellier 3 804 15,10% 574
19 Mauguio 2 922 15,04% 439
20 Cournonsec 3 406 14,67% 500
21 Saint-Drézéry 3 695 14,62% 540
22 Restinclières 2 945 14,50% 427
23 Saussan 3 468 14,25% 494
24 Saint-Jean-de-Védas 4 331 14,12% 612
25 Fabrègues 3 932 13,65% 537
26 Saint-Brès 3 122 13,56% 423
27 Sussargues 3 436 13,50% 464
28 Beaulieu 2 979 13,40% 399
29 Saint-Géniès-des-Mourgues 3 095 12,75% 395
30 Lansargues 2 877 12,17% 350
31 Castries 3 731 11,97% 447
32 Montferrier-sur-Lez 5 055 11,95% 604
33 Mudaison 3 053 11,68% 357
34 Saint-Gély-du-Fesc 4 049 11,60% 470
35 Lavérune 4 180 11,18% 467
36 La Grande-Motte 2 471 10,89% 269
37 Saint-Aunès 4 193 10,66% 447
38 Candillargues 2 888 10,30% 297
39 Saint-Clément-de-Rivière 4 805 9,89% 475
40 Montaud 3 028 8,41% 255

On voit donc que, lorsqu'on compare les taux, Vendargues est en dixième position, c'est-à-dire dans le premier quart (le plus cher) du tableau (classé dans l'ordre des taux décroissants), avec un taux certes moins élevé que Baillargues (le premier dans ce classement) et Jacou, mais plus élevé que Le Crès et surtout Castries, qui, lui, est dans le dernier quart du tableau (et où d'ailleurs réside de fait Pierre DUDIEUZÈRE, dans sa propriété de Cadenet).

Bref, il est quelque peu fallacieux dans ces conditions de déclarer que Vendargues a « une taxe d'habitation peu élevée, résultat d'une politique communale qui, dans l'intérêt des ménages, favorise une pression fiscale volontairement basse ».

Une réponse à côté de la plaque

Mais là n'est pas la question principale ! Notre étude (détaillée dans la page « Vendargues : riche et gaspilleuse » de ce site et résumée dans l'article paru en page 7 du numéro 42 de novembre 2005 de « Au Fil des Pages ») ne portait pas sur le montant des prélèvements fiscaux de la commune, mais sur l'usage qui en était fait !

Ce que nous disions alors et continuons à dire est que

Vendargues dépense grosso-modo 50 % de plus que ses quatre voisines de l'agglo, Baillargues, Castries, Jacou et Le Crès, en frais réels de fonctionnement par habitant

et que donc le maire, s'il gérait la commune comme le font ses collègues de ces communes, pourrait soit augmenter considérablement les investissements, soit pratiquer des taux d'imposition bien inférieurs, soit un mélange des deux. Car, quand bien même les taux de Vendargues seraient bas, ce qui reste à démontrer, ce n'est pas une raison pour gaspiller l'argent des contribuables !

Cette richesse de Vendargues ne vient pas, comme on l'a vu plus haut, de valeurs locatives particulièrement élevées (Vendargues n'est pas Montferrier ou Saint-Clément, comme chacun le sait), mais d'une « rente de situation » qui ne doit rien au maire actuel mais lui a permis dans le passé de maintenir la pression fiscale sur les résidents relativement faible : la zone industrielle du Salaison. Car, s'il est vrai que la commune ne perçoit plus la taxe professionnelle versée par les entreprises de la zone, il n'en reste pas moins que le mécanisme prévu par la loi Chevènement pour assurer la transparence du changement de fiscalité qu'elle introduisait fait que l'agglo, qui seule désormais perçoit la taxe professionnelle de ces entreprises, comme de toutes les entreprises de l'agglo, reverse chaque année (sans limite de temps) l'équivalent de ce que percevait Vendargues en taxe professionnelle l'année qui a précédé le changement de régime fiscal (ajusté pour tenir compte d'une part du fait que certaines compétences ont été prises en charge par l'agglo et d'autre part que la commune perçoit maintenant la part de taxe d'habitatation et de taxes foncières que perçevait auparavant l'agglo.

En fait, la compensation versée chaque année par l'agglo à Vendargues pour le manque à gagner sur la taxe professionnel, qui est de 2.556.230 €, soit plus que le produit des impôts locaux perçus par la commune, qui était de 2.279.408 € en 2004, couvre à elle seule 45 % des dépenses réelles de fonctionnement de la commune, qui s'élevaient à 5.713.887 € en 2004, et couvrirait 70 % de ces dépenses si Vendargues avait le même ratio de dépenses réelles de fonctionnement par habitant que Le Crès et ramenait donc ces dépenses à 3 700 778 €. Et l'économie qui serait réalisée par Vendargues dans ce cas serait de 2 013 109 €, ce qui représente 88 % du produit des impôts locaux payés à la commune par les Vendarguois.

Le maire se plaint de ne plus bénéficier de l'augmentation régulière du produit de la taxe professionnelle sur laquelle il comptait auparavant pour augmenter ses ressources et maintenir bas les taux des autres taxes pour les Vendarguois, et c'est sans doute la raison pour laquelle, depuis qu'il ne peut plus compter sur cet effet « mécanique », il s'est mis à augmenter régulièrement et sensiblement les taux des impôts locaux perçus par la commune (taxe d'habitation et taxes foncières), tout en faisant croire par ses discours à la population que rien n'avait changé et que Vendargues était toujours une des communes qui a les taux les plus bas de l'agglo, alors qu'il n'en est rien dans les faits et qu'il a vite rattrapé le peloton de tête !

Pourtant, les chiffres reproduits ci-dessus montre que sa marge de manœuvre resterait grande si seulement il perdait ses habitudes de « gaspillage » et s'astreignait à la même rigueur de gestion que ses collègues des communes voisines.

Et c'est là ce que nous avons voulu montrer aux Vendarguoises et aux Vendarguois.

Quand bien même ils ne payeraient pas plus d'impôts que leur voisins, il ont le droit d'en avoir pour leur argent et sont en droit d'exiger la même rigueur de gestion de leurs deniers que dans les communes voisines.


Le site de Bernard SUZANNE, ancien conseiller municipal de VENDARGUES (Hérault)
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Dernière mise à jour le 22 décembre 2005