Le traitement des risques d'inondation
a Vendargues

Commentaires sur le Flash info spécial
« Actions en vue de lutter contre les inondations »

(Ceux qui n'ont pas lu ce Flash info spécial ou ne l'ont plus sous la main peuvent accéder à une copie des pages 2 et 3 en cliquant ici. La page 1 n'est qu'une page de titre, et la page 4 donne quelques consignes en cas d'inondations, de chutes de neige et d'incendie qui sont reproduite dans une page de la section « documents » de ce site)

Pour ne plus prendre l'eau, on fait le trottoir !...

En page 2 du Flash info, on peut lire que, lors du conseil municipal du 26 novembre 2003, « une somme de 330.000 € a été votée pour des travaux d'aménagements hydrauliques sur la commune ». Suit une liste de 8 chantiers décrivant ces travaux.

Le problème, c'est que, comme chacun pourra s'en rendre compte en se reportant au procès-verbal de cette séance disponible sur ce site et à la liste de travaux présentée alors, ainsi qu'au procès-verbal de la séance de conseil municipal du 2 mars 2004 où les marchés relatifs à ces travaux ont été approuvés, la liste des travaux votée ce jour-là contenait 13 chantiers (regroupés en 12 lors de l'adoption du marché), et non pas 8. Les quatre chantiers manquants dans la liste du Flash info spécial n'ont pas disparus parce qu'ils ont été retirés du marché, mais parce que, comme nous le laissions entendre dans notre dossier sur les inondations, ils n'ont rien à voir avec la lutte contre les inondations !...

Voici ce qui n'est pas mentionné dans le Flash info, mais reste bien au marché, et donc dans l'enveloppe de 330.000 € supposée consacrée à « des travaux d'aménagements hydrauliques sur la commune » :

Bref, il s'agit tout simplement de travaux de voirie tout ce qu'il y a de plus ordinaire, sans rapport aucun avec la lutte contre les inondations, comme l'avoue implicitement la mairie en ne les faisant pas apparaître dans sa liste du Flash info spécial inondations !...

Et comme le montre le tableau ci-dessous, ces quatre chantiers de voirie sans lien avec la lutte contre les inondations représentent ensemble un peu plus de 28 % de l'enveloppe globale, dont 23,5 % pour la seule réfection de l'allée des jardins d'hiver [l'allée en impasse parallèle à la RD 65 qui part du bout de la rue de la Cadoule à sa jonction avec la RD 65 et va jusqu'à la fin des lotissements vers le grand chêne].

Description des travaux Montant
au marché
%
du total
Travaux
en lien
avec la
protection
contre les
inondations
1. nettoyage complet du cadre situé de l'Avenue de la Gare à la RN 113, avec création d'ouverture pour permettre l'accès, 40 738,00 13,33 %
2. nettoyage de l'ouvrage de traversée de la RN 113 au débouché du cadre, 2 500,00 0,82 %
3. création d'une grille transversale rue de la Fontaine, avec raccordement au cadre, rue du Teyron, 17 168,40 5,62 %
4. création d'une grille avaloir au carrefour rue du Salaison, rue du Teyron, 704,00 0,23 %
5. création d'une grille transversale sur le même cadre au droit du carrefour de la rue Berthezène et des Acacias et au droit du carrefour avec la rue du Salaison. 4 000,00 1,31 %
6. création de grilles avaloir Allée des Acacias afin d'augmenter la capacité d'admission dans le cadre existant. 8 568,00 2,80 %
7. aménagement du fossé existant au droit du lotissement les 4 as, en aval immédiat de la traversée de la RN 110, avec mise en place d'un caniveau bétonné jusqu'à l'entrée du cadre situé Avenue de la Gare et création d'un bassin dissipateur au Nord du parking de l'école des Asphodèles et au sud de la traversée de la RN 110, 137 721,55 45,08 %
8. création d'un fossé le long de la RN 113, du carrefour à feux avec la route de St Aunès jusqu'en aval de la traversée du « Teyron » sous la RN 113 et en partie le long de la route de St Aunès avec ouvrage de prise à l'ouest de cette route, traversée et raccordement sur le fossé, aménagement de l'exutoire en aval de la traversée du « Teyron » sous la RN 113. 8 214,35 2,69 %
Sous-total 219 614,30 71,88 %
Travaux
de voirie
ordinaire
sans lien
avec la
protection
contre les
inondations
9. réfection de l'allée des Jardins d'Hivers avec chaussée, pluvial et éclairage public, 71 995,93 23,56 %
10. réfection partielle du trottoir rue des Balances devant le bureau de Tabac, 3 653,93 1,20 %
11. réfection partielle de trottoir rue de l'Olivette, 1 617,10 0,53 %
12. réfection des trottoirs rue du Moulin. 8 648,55 2,83 %
Sous-total 85 915,51 28,12 %
  Total 305 529,81  

Certes, le maire entreprend des travaux d'urgence pour parer au plus pressé et donner le sentiment aux victimes des inondations qu'il ne reste pas inactif (comme il l'avait fait il y a huit ans lorsqu'il avait décidé, le 14 décembre 1995, « d'engager en urgence une première phase de réalisation qui consiste en la reprise du pluvial dans la rue de la Cadoule et la création d'un bassin de rétention dans le rond-point Charles de Gaulle » pour un montant de... 325.000 € en valeur actualisée ; voir la première page de ce dossier, section « Un peu d'histoire »), mais le fait qu'il ait, dès cette première action, amalgamé dans une même enveloppe budgétaire des travaux d'urgence contre les inondations et des travaux de voirie classiques sans doute prévus depuis longtemps, pour gonfler artificiellement le montant de l'enveloppe supposée consacrée à la lutte contre les inondations n'augure rien de bon sur la suite des événements et sur la confiance qu'on peut avoir en ses promesses...

Huit ans de perdus...

Une somme qui, elle, a bel et bien été dépensée pour la lutte contre les inondations, c'est le coût de l'actualisation par SIEE du schéma directeur d'assainissement pluvial que cette société avait réalisé en 1995 et 1996, soit environ 30.000 € H.T. (cf. procès-verbal du conseil municipal du 26 novembre 2003, affaire 5). Malheureusement, on pourrait presque dire que c'est de l'argent jeté à l'eau dans la mesure où tout était déjà dit dans la première étude, diagnostic et solutions, mais que le maire a laissé dormir cette étude depuis huit ans parce que le coût des solutions proposées n'était pas compatible avec ses choix politiques.

Qu'on en juge plutôt : le diagnostic résumé en page 3 du Flash info spécial est que « le réseau pluvial de la commune est saturé par les eaux issues de la zone agglomérée, pour un épisode orageux d'une durée approximative de 4 heures ». Or c'est exactement ce que disait l'étude de 1995, où on lisait, en fin de page 10 de la première partie de l'étude : « La conclusion de cette analyse est que le réseau est saturé par les seuls apports de la zone agglomérée. Il ne peut donc admettre de débits supplémentaires provenant des bassins versants amont sans risque d'inondation dans la zone agglomérée. » Conclusion reprise en page 4 de la seconde partie de l'étude, datant de 1996 : « La simulation des écoulements d'occurrence décennale, sans la prise en compte de ces apports amont [ceux des bassins versants du Teyron, du Routous et des Bourbouisses], a montré que le réseau principal était déjà saturé par les seuls apports de la zone agglomérée. »

Que signifie en clair ce diagnostic ? Que les seules eaux de pluie tombant sur la partie construite du territoire de la commune, située dans le triangle délimité par les RN 110 et 113 et la RD 65 (« la zone agglomérée »), sont suffisantes pour saturer le réseau pluvial actuel de la commune, et donc provoquer des inondations, dès que se produit une pluie d'une intensité susceptible de se rencontrer en moyenne une fois tous les dix ans (pluie « d'occurrence décennale »).

La solution préconisée par SIEE voici huit ans s'articulait en deux volets :

  1. Empêcher les eaux en provenance des bassins versants nord de passer par le réseau pluvial de la commune (déviation du Teyron et du Routous vers le Salaison à l'ouest en suivant la voie de chemin de fer, bassin de rétention pour limiter les apports des Bourbouisses) ;
  2. Rediriger les eaux de pluie reçues par la partie est du village, non plus vers le Teyron traversant le village en souterrain, mais vers la Cadoule, grâce à deux collecteurs, l'un rue de la Monnaie, l'autre rue de la Cadoule (le seul quit été fait depuis), le premier (rue de la Monnaie) étant dimensionné pour accepter les eaux en provenance des bassins versants des Bourbouisses reroutées vers lui au sortir du bassin de rétention évoqué au point 1.

Il est important de comprendre que les deux groupes d'actions étaient complémentaires et qu'aucun des deux seul ne pouvait résoudre le problème.

En effet, puisque le réseau principal de la commune est déjà saturé par les seules eaux de pluie tombant sur la zone agglomérée, quand bien même on arriverait à dévier la totalité des eaux en provenance des bassins versants nord pour qu'elles ne passent plus du tout par le réseau pluvial de la commune (ce que ne faisait même pas totalement le point 1 de la solution proposée par SIEE en 1995-96, puisque les eaux en provenance des bassins versants des Bourbouisses continuaient à arriver dans les collecteurs de la zone agglomérée), cela n'empêcherait pas les inondations du seul fait de la pluie tombant sur la partie agglomérée. Et se contenter de réaliser les collecteurs proposées par le point 2 de l'étude SIEE pour évacuer les eaux de pluie de la partie est du village, non plus dans le Teyron, mais dans la Cadoule, ne suffirait pas à alléger suffisament le Teyron dans la traversée de la zone agglomérée s'il continuait à recevoir toutes les eaux venant des bassins versants nord, ou même seulement celles des bassins versants du Teyron et du Routous (en supposant que les Bourbouisses soient redirigés vers les nouveaux collecteurs).

Or que nous propose le maire sous le couvert de cette actualisation de l'étude SIEE ? Tout simplement une version abâtardie et moins coûteuse de la partie 1 de la solution préconisée par SIEE en 1995-96 (traitement des apports des bassins versants nord), construite non plus autour d'une déviation du Routous et du Teyron, mais sur la multiplication de bassins de rétention qui ne retiennent jamais complètement les eaux qu'ils reçoivent (voir reproduction du schéma des pages 2 et 3 du flash info spécial sur ce site), et rien pour traiter le problème de sous-dimensionnement du réseau pluvial dans Vendargues par rapport aux seuls apports de la zone agglomérée (sous-dimensionnement pourtant confirmé dans le diagnostic).

Reformulée, la présentation de la page 3 du Flash info spécial peut se résumer ainsi : « on confirme que les seules eaux de pluie tombant sur la zone agglomérée, c'est-à-dire au sud de la RN 110, suffisent à inonder Vendargues, alors, pour éviter les inondations, on va réduire le volume d'eau en provenance du nord de la RN 110 qui entre dans Vendargues, un point c'est tout » !... Réduire, et non supprimer totalement, les apports en eau de pluie provenant du nord de la RN 110, alors que, même si on les supprimait totalement, Vendargues serait encore inondé par une pluie de fréquence décennale, tant qu'on ne revoit pas aussi le réseau interne à la zone agglomérée !...

Bref, la solution proposée ne résoud rien !... Enfin, si ! elle réduira certainement le niveau d'eau en cas d'inondation, au moins pour un temps (celui qu'il faudra aux bassins de rétention pour se remplir), mais est-ce suffisant ? Suffit-il de dire aux habitants des maisons inondables qu'ils n'auront, disons à titre d'exemple, que 10 cm d'eau chez eux au lieu de 60, lors de la prochaine pluie décennale, pour prétendre avoir résolu le problème ?!

(Pour en savoir plus sur cette actualisation du schéma directeur d'assainissement pluvial par SIEE, voir la page de ce site qui rend compte de la présentation qui en a été faite lors de la réunion publique du 9 novembre 2004)

A problème global, solution globale

Mais le vrai problème est ailleurs. La vraie question qui se pose face à de tels problèmes est celle-ci : « Est-il possible, ou même simplement opportun, que Vendargues cherche à résoudre seule un problème qui dépasse largement les limites de la commune ? » La pluie, en effet, ne respecte pas les limites de communes, et les ruisseaux qui traversent Vendargues viennent pour la plupart d'autres communes et continuent tous leur cours vers d'autres communes (ainsi le Teyron devient à la sortie de Vendargues la Balaurie qui traverse des lotissements de Mauguio avant de finir dans le Salaison, qui se jette lui-même dans l'étang de l'Or, tout comme la Cadoule, qui passe à l'est de Vendargues). Il serait donc de l'intérêt de toutes les communes situées sur les bassins versants des ruisseaux alimentant l'étang de l'Or de travailler ensemble pour élaborer une solution globale au problème des inondations. C'est d'ailleurs bien ce que suggèrent les services de l'État, qui ont élaboré un plan de prévention des risques naturels d'inondation (PPRI), non pas commune par commune, mais, pour ce qui concerne Vendargues, pour l'ensemble du bassin versant du Salaison (communes de GUZARGUES, ASSAS, TEYRAN, JACOU, LE CRÈS et VENDARGUES).

Certes, travailler à plusieurs est plus complexe et plus long que travailler seul. On peut donc comprendre que le maire de Vendargues veuille donner aux sinistrés de l'automne dernier l'impression qu'il agit vite pour résoudre leurs problèmes en privilégiant les solutions qu'il peut maîtriser seul. Mais alors, pourquoi avoir perdu huit ans en laissant dormir le rapport SIEE de 1995-96 ?!... Et les habitants de Vendargues ne sont-ils pas capables de comprendre qu'il vaut peut-être mieux attendre encore un an ou deux pour avoir une solution globale qui réglera définitivement les problèmes plutôt que de dépenser à la va vite des sommes qui risquent d'être importantes pour des travaux paliatifs qui ne régleront que partiellement les problèmes et risquent de se révéler inutiles si un jour on met en place une solution plus globale ?

Au vu des diagnostics successifs et identiques de SIEE, il est clair que le problème ne peut être complètement résolu sans un redimensionnement du réseau pluvial interne à la zone agglomérée de VENDARGUES. L'ampleur de ce redimensionnement dépendra des choix faits par ailleurs sur deux points :

  1. Continuer à utiliser le Teyron comme collecteur principal pour tout Vendargues ou réaliser le collecteur de la rue de la Monnaie suggéré par SIEE en 1996 pour envoyer les eaux de la partie est de Vendargues vers la Cadoule ;
  2. Laisser les eaux des bassins versants amont (nord de la RN 110) traverser la zone agglomérée ou réduire, voire supprimer ces apports.

Et ces choix devraient être faits en cohérences avec ceux faits par les communes en amont de Vendargues sur les cours du Salaison et de la Cadoule (pour prendre en compte les apports de ces communes sur le cours de ces rivières) et par les communes en aval (Saint-Aunès, Mauguio, Baillargues, Mudaison) pour s'assurer qu'on ne reporte pas les problèmes sur elles. L'agglomération de MONTPELLIER, qui est en train de se doter d'une compétence sur l'aménagement et l'entretien des fleuves côtiers pourrait jouer un rôle majeur dans le traitement de ces problèmes.

Dans une telle perspective, les propositions faites par SIEE dès 1996 présentaient l'avantage de distribuer les apports de Vendargues sur trois exutoires :

  1. Le Salaison, sans traversée de la zone agglomérée, pour les eaux en provenance des bassins versants du Teyron et du Routous (déviation le long de la voie de chemin de fer) ;
  2. Le Teyron/Balaurie pour les seules eaux en provenance de la partie ouest de la zone agglomérée ;
  3. La Cadoule pour les eaux en provenance des bassins versants des Bourbouisses et de la partie est de la zone agglomérée (via un collecteur à réaliser rue de la Monnaie).

Par ailleurs, elles minimisaient les travaux lourds à réaliser à Vendargues en les concentrant sur deux chantiers principaux :

  1. La « canalisation » du Teyron au nord de Vendargues pour rerouter sa partie amont vers le Salaison le long de la voie de chemin de fer ;
  2. La création d'un pluvial vers la Cadoule sous la rue de la Monnaie et le raccordement à ce pluvial des Bourbouisses et de toute la partie ouest de Vendargues (sauf les réseaux déjà raccordés au pluvial de la rue de la Cadoule aboutissant à la Cadoule, suite aux seuls travaux entrepris après l'étude de 1995-96 ; et on pourra remarquer à ce sujet qu'alors que la rue de la Monnaie, dans sa partie concernée par le pluvial préconisé par SIEE, a été complètement refaite depuis l'étude de la SIEE, la création de ce pluvial allant vers la Cadoule n'a pas été envisagée à cette occasion).

Cette solution reste tout à fait d'actualité moyennant deux préalables :

  1. Une coordination avec les communes aval pour étudier les impacts et déterminer les travaux nécessaires sur les cours aval du Teyron/Balaurie, du Salaison et de la Cadoule ;
  2. La volonté politique de faire face aux dépenses impliquées par ces solutions quitte à différer certains autres équipements peut-être plus gratifiants électoralement...

Et puisqu'il s'agit de choix éminemment « politiques » (au sens noble du terme), pourquoi ne pas consulter les Vendarguois sur une question aussi engageante pour leur avenir ? Les moyens existent pour cela puisque les communes peuvent organiser des référendums locaux sur des questions importantes pour la vie de la commune (articles L.2142-1 à 8 du Code général des collectivités territoriales)... Et si la municipalité ne veut pas en prendre l'initiative, les Vendarguois peuvent l'y contraindre, puisque, selon l'article L.2142-3 du CGCT, « un cinquième des électeurs inscrits sur les listes électorales peuvent saisir le conseil municipal en vue de l'organisation d'une consultation sur une opération d'aménagement relevant de la décision des autorités municipales ». Il suffit donc, puisqu'il y avait 4.084 inscrits aux élections des 21 et 28 mars dernier, que 817 électeurs inscrits sur les listes de Vendargues signent une pétition en ce sens pour qu'une consultation (dont le résultat n'a qu'une valeur de simple avis non contraignant) doive être organisée par la municipalité. Ce peut être un moyen d'aider la majorité municipale à faire des choix qu'elle ne veut assumer seule...


Le site de Bernard SUZANNE, ancien conseiller municipal de VENDARGUES (Hérault)
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Dernière mise à jour le 13 novembre 2004