Le traitement des risques d'inondation
a Vendargues

Un peu d'histoire

Dans le procès-verbal du conseil municipal du 14 décembre 1995, à propos de la question n° 23 de l'ordre du jour, « Amélioration du pluvial - Mission de maîtrise d'œuvre », on peut lire :

« Monsieur le Maire indique : Suite aux différentes inondations que nous avons connues ces dernières années, une étude globale a été réalisée par la S.I.E.E. afin d'apporter une solution technique à ce problème.
Je vous propose d'engager en urgence une première phase de réalisation qui consiste en la reprise du pluvial dans la rue de la Cadoule et la création d'un bassin de rétention dans le rond-point Charles de Gaulle.
Pour ce faire, je vous propose de confier la Maîtrise d'œuvre au Cabinet PROJETEC, aux conditions suivantes :

Mission Témoin
Note de complexité 1
Coût prévisionnel des travaux HT 1.800.000 F
Taux de rémunération 10,53 %
Forfait de rémunération HT 189.540,00 F

Le conseil municipal, à l'unanimité, adopte cette affaire. »

(Le montant des travaux proposés alors, 1.800.000 F, actualisé sur la base de la variation de l'indice du coût de la construction--indice 1013 au 4ème trimestre 1995, indice 1202 au second trimestre 2003, dernier indice connu à ce jour--et converti en euros, correspond à une somme de 325.000 € environ).

L'étude de la S.I.E.E. à laquelle fait référence le maire, Pierre DUDIEUZÈRE, est disponible dans la section « Documents » de ce site. Ses conclusions, résumées ici, sont reprises plus en détail plus loin dans cette page. En substance, elle démontrait que le réseau pluvial de VENDARGUES était déjà alors saturé en situation décennale par les seules eaux provenant de la zone agglomérée de la commune et proposait comme première priorité pour résoudre les problèmes d'innondations (étape 1) de dévier les eaux venant des bassins versants du Teyron et du Routous en amont de VENDARGUES (au nord de la RN 110) vers le Salaison. Elle proposait d'autre part d'évacuer à terme les eaux pluviales de la partie est de VENDARGUES, incluant celles venant des bassins versants du Bourbouisse (Nord-Est de Vendargues entre Système U et Castries), vers la Cadoule plutôt que vers le Teyron pour décharger celui-ci, déjà en situation de débordement par grosses pluies, et ceci en trois étapes : dans un premier temps (étape 2), construire, au nord de la RN 110, sur le bassin versant du Bourbouisse, un bassin de rétention écrêteur de 15.000 m3 environ dont l'objet était de limiter le débit en provenance de ce bassin versant à une valeur supportable par le réseau pluvial de VENDARGUES ; puis (étape 3) construire un bassin de rétention place Charles de Gaulle et reprendre le pluvial de la rue de la Cadoule à l'est de cette place pour adapter aux besoins l'évacuation des eaux de la partie sud-est de VENDARGUES vers la Cadoule ; enfin (étape 4) installer rue de la Monnaie à l'est de la rue des Devèzes un collecteur s'évacuant vers la Cadoule et dimensionné pour accepter les eaux en provenance du Bourbouisse (qui seraient redirigées vers lui plutôt que vers le Teyron) et des quartiers nord-est de VENDARGUES.

Le maire a donc choisi de mettre en œuvre « en urgence » comme « première phase » d'un programme d'amélioration de la situation ce qui constituait, non la première, mais la troisième étape suggérée dans le rapport, sans doute parce que le chiffrage approximatif de la première étape fourni dans le rapport faisait apparaître un coût de 15.000.000 F TTC environ (soit, actualisé en fonction de l'indice du coût de la construction, 17.800.000 F d'aujourd'hui, c'est-à-dire environ 2.700.000 € TTC), et que par ailleurs, cette première étape nécessitait une concertation avec les communes en aval de VENDARGUES sur le Salaison (Saint-Aunès et Mauguio) et l'intervention des services de l'État (en particulier la Direction départementale de l'agriculture et de la forêt, la DDAF, comme le précisait le rapport, p. 14) et donc aurait pris plus de temps à réaliser.

Le problème, c'est que, si cette « première » étape a bien été réalisée en 1996, elle n'a été suivie d'aucune autre, et que le rapport est resté à dormir à la mairie depuis ce temps-là !...

On prend les mêmes et on recommence !...

Voyons donc ce que nous a proposé le même maire huit ans plus tard, en présence de problèmes similaires d'inondations catastrophiques à répétition, lors du conseil municipal solennel tenu le 26 novembre 2003, non pas dans la salle habituelle du conseil à la mairie, mais à l'espace Teissier, pour permettre l'accueil d'un public nombreux de sinistrés.

Le maire a tout d'abord rendu compte d'une décision municipale n° 25/2003 qu'il avait prise le 3 novembre 2003 pour « conclure un contrat de maîtrise d'œuvre » « en vue de la réalisation de travaux d'aménagement hydraulique sur la Commune » avec la S.A.R.L. PROJETEC Sud (la même qu'il y a huit ans) « pour un coût prévisionnel des travaux de 330.000 € HT » (soit, à 5.000 € près le même coût que celui des travaux entrepris « en urgence » voici huit ans et restés sans suite !...). Lors de l'affaire n° 4, il a fait adopter le dossier de consultation des entreprise pour la réalisation de ces travaux, dont il a fait lire la liste par son adjoint Guy PONS (voir photocopie de cette liste). Lors de cette lecture, celui-ci a paru surpris en arrivant vers la fin de la liste et a fait remarquer que les derniers éléments de la liste n'avaient rien à voir avec le problème des inondations : en effet, on ne voit pas trop en quoi des réfections de trottoirs constituent des « travaux d'aménagement hydraulique » visant à réduire les risques d'inondations !...

La seconde partie de la question 4 (question n° 4-2), visant à demander des subventions pour les travaux d'aménagement hydraulique listés dans la première partie de la question, était ainsi présentée : « ce programme étant constitué de premiers travaux d'urgence sur le réseau d'assainissement pluvial de la commune à des fins de prévention et de lutte contre les inondations, il pourrait bénéficier de l'aide de l'État, de la Région Languedoc-Roussillon, du Département de l'Hérault, de l'Agence de l'Eau ». On retrouve la même formulation qu'il y a huit ans, où l'on parlait déjà « d'engager en urgence une première phase de réalisation ». Il reste donc à espérer que, cette fois-ci, la seconde phase se fera moins attendre, car on attend toujours la seconde phase des travaux entrepris en urgence en 1996 !...

La question 5 portait sur l'« Actualisation du Schéma Directeur d'Assainissement pluvial de la commune » et était introduite en ces termes :
« Il est rappelé aux membres du conseil municipal, le schéma directeur d'assainissement pluvial de la commune, réalisé par le cabinet d'études S.I.E.E. en 1995 et 1996.
Suite aux violentes intempéries que nous avons connues et dans le cadre du programme de prévention et de lutte contre les inondations, il conviendrait de procéder à l'actualisation du schéma directeur d'assainissement pluvial de la commune.
En conséquence, je vous propose :

La seconde partie de la question, concernant des demandes de subventions pour cette étude, précisait : « l'actualisation du schéma directeur d'assainissement pluvial est rendue nécessaire et urgente suite aux violentes intempéries que la commune a connues et dans le cadre de la réalisaiton d'un programme de prévention et de lutte contre les inondations ».

Le problème, c'est que le schéma directeur fait en 1995 et 1996 avait déjà fait l'enquête de terrain (la phase 1 proposée pour la nouvelle étude) et la modélisation hydraulique (la phase 2 proposée pour la nouvelle étude) et avait présenté des propositions de solutions (la phase 3 proposée pour la nouvelle étude) en anticipant l'urbanisation de la partie sud-est de VENDARGUES (PAE Georges Pompidou) ainsi que celle du lotissement « La Farigoule » (cf. étude, vol. 2, planche3). On ne voit donc pas quels éléments nouveaux pourraient justifier une nouvelle étude et pourquoi elle aboutirait à des conclusions et des propositions différentes !... Et l'on peut aussi se demander pourquoi, lorsque, dans quelques mois, l'étude sera terminée et que la pression sera retombée, elle serait suivie de plus d'effets que celle menée en 1995 et 1996.

Problèmes et solutions : le schéma directeur de 1996

Le diagnostic fait par la S.I.E.E. en 1995-96 en tenant compte de l'urbanisation prévue de la Farigoule et de toute la zone couverte par le P.A.E. Georges POMPIDOU est parfaitement clair (cf étude, vol. 1, planche 3) :

Le réseau d'assainissement pluvial de VENDARGUES est saturé en certains points dès l'occurrence décennale (un épisode pluvieux revenant une fois tous les dix ans en moyenne) par les seules eaux de pluie tombant sur la zone agglomérée et ne peut donc absorber en plus les eaux de ruissellement des bassins versants amont du Teyron, du Routous et du Bourbouisse.

C'est qu'en fait, la majeure partie du réseau d'assainissement pluvial de VENDARGUES converge vers le Teyron, qui traverse la zone agglomérée en souterrain. Or le Teyron reçoit, en plus des eaux tombant sur la zone agglomérée qui suffisent à le saturer, toutes les eaux de ruissellement des quatre bassins versants au nord de VENDARGUES, celui du Teyron lui-même et ceux du Routous et du Bourbouisse (cf étude, vol. 1, planche 1).

Face à une telle situation, toute solution suppose nécessairement de revoir le réseau d'assainissement existant pour éviter sa saturation. L'ampleur de ces travaux dépend alors des choix faits en ce qui concerne les eaux de ruissellement amont. On peut en effet limiter (mais pas ramener à rien) l'ampleur des travaux sur les réseaux de la zone agglomérée en détournant tout ou partie des flux amont pour qu'ils n'empruntent plus ces réseaux et/ou les réguler par des bassins de rétention écrêteurs.

La solution préconisée par la S.I.E.E. repose sur deux axes majeurs :

  1. détourner les eaux de ruissellement des bassins versants du Teyron et du Routous en amont de VENDARGUES directement vers le Salaison à l'ouest ;
  2. soulager le Teyron enterré dans la zone agglomérée de VENDARGUES en reportant l'évacuation des eaux de la partie est de la zone agglomérée, et surtout celles des deux bassins versants du Bourbouisse, qui l'empruntent, vers la Cadoule et non plus vers le Teyron.

Cette approche permet d'éviter d'avoir à redimensionner la partie enterrée du Teyron, qui est soulagé de l'apport des eaux des quatre bassins versants amont et des eaux de toute la partie est de la zone agglomérée qui se reporte maintenant vers la Cadoule.

La première partie du schéma directeur résultant, qui en constitue la priorité n° 1, consiste à créer un canal longeant la voix de l'ancien chemin de fer de Sommières jusqu'à son intersection avec le Salaison entre VENDARGUES et LE CRÈS au nord du pont de la RN 113, pour envoyer directement les eaux des bassins versants du Teyron et du Routous vers le Salaison. Ces travaux étaient estimés par l'étude à environ 15.000.000 F T.T.C. de 1995, soit 2.700.000 € d'aujourd'hui (à titre de comparaison, lors de la séance du conseil municipal du 26 novembre 2003 où étaient proposées une première série de travaux en urgence pour 330.000 € H.T. et une actualisation de l'étude S.I.E.E. pour 28.850 € H.T., la question n° 11 portait sur des demandes de subventions en vue de la construction d'une halle des sports dont le coût prévisionnel était évalué à 2.500.000 € H.T. ; et le coût de réalisation de l'école COSSO, hors travaux de voirie et réseaux divers à ses abords, actualisé en euros de 2003 en s'appuyant sur les indices du coût de la construction, s'est élevé à 2.580.000 € T.T.C. environ).

La seconde partie du schéma directeur se déclinait en trois étapes, dans cet ordre :

  1. création d'un bassin de rétention écrêteur de 15.000 m3 sur le bassin versant du Bourbouisse au nord de la RN 110 pour limiter rapidement les flux supportés par le collecteur de la rue des Balances, qui constituait un premier point de saturation du réseau en crue décennale, et donc alléger la charge sur le Teyron dans la zone agglomérée (c'est cet aménagement que le maire fait aujourd'hui faire, en partie au moins, par Système U dans le cadre de son extension) ;
  2. création d'un bassin de rétention place Charles de Gaulle et redimensionnement du pluvial de la rue de la Cadoule, à l'est de ce bassin : cette étape, qui a été réalisée en 1996, concernait la partie de la zone agglomérée dont l'évacuation ne se faisait dejà pas vers le Teyron, et visait seulement à redimensionner cette partie du réseau en la dotant d'un bassin écrêteur qui permettait de limiter la taille requise pour le collecteur de la rue de la Cadoule ;
  3. mise en place rue de la Monnaie d'un collecteur s'évacuant vers la Cadoule sur lequel viendraient se brancher le collecteur recevant les eaux issues des bassins versants du Bourbouisse au nord-est de VENDARGUES et toute la partie nord-est de la zone agglomérée, pour soulager encore un peu plus le Teyron.

Le schéma directeur de 1996 est-il encore pertinent ?

Comme nous l'avons déjà dit, l'étude de la S.I.E.E. avait anticipé l'urbanisation du lotissement « la Farigoule » et celle de la partie sud-est de VENDARGUES dans le cadre du P.A.E. Georges POMPIDOU. Et d'ailleurs l'essentiel de cette urbanisation (le P.A.E. Georges POMPIDOU) n'avait aucun impact sur les problèmes liés au sous-dimensionnement du Teyron dans sa partie enterrée traversant la zone agglomérée de VENDARGUES et donc sur les risques d'innondation du « vieux village », puisque ces zones constituent la partie aval de VENDARGUES et s'évacuent soit vers la Cadoule, soit directement vers la Balaurie (qui n'est autre que le Teyron rebaptisé après avoir traversé la RN 113) à travers le bassin de rétention situé au milieu du carrefour du centre Leclerc. Et même pour ce qui est de la zone encore en friches du « Camp des Arts », l'étude la supposait transformée en zone d'activités économiques, comme le prévoyait alors le P.O.S., donc urbanisée aussi. Et, du point de vue du ruissellement, le mode d'urbanisation (habitations, comme c'est maintenant voulu par la majorité municipale, ou zone d'activités économiques, comme c'était alors prévu) ne change pas grand chose. On peut même penser qu'une zone d'activités aurait plus « bitumé » le secteur, avec des bâtiments plus spacieux et des parkings, que des logements en majorité pavillonaires.

Le Plan de prévention des risque d'inondation (P.P.R.I.), approuvé par le préfet par arrêté en date du 14 août 2003 après avoir été soumis à l'avis du conseil municipal lors de la séance du 23 avril 2003, n'apporte aucun élément nouveau. On en trouvera les principaux éléments sur ce site, ainsi qu'une carte qui en résume les conclusions en identifiant les zones dites « inondables » de VENDARGUES (source Direction départementale de l'environnement (DIREN) du Languedoc-Roussillon). Dans la partie agglomérée du village, les zones identifiées comme inondables sont localisées :

Mais il faut noter que ce plan s'intéresse aux risques de débordement de ruisseaux et rivières, pas aux phénomènes de ruissellement sur les rues bitumées et de débordement de réseaux d'assainissement pluvial sous-dimensionnés !...

Bref, rien ne justifie de reprendre l'étude dans sa globalité, pas même le sentiments que les phénomènes météorologiques exceptionnels deviennent plus fréquents et plus violents, ce qui n'est pas encore démontré (voir à ce sujet la section intitulée « Contexte climatologique » dans le rapport de présentation du PPRI) et ne ferait de toutes façons qu'accentuer un diagnostic déjà connu et rendre plus nécessaire des travaux déjà proposés depuis 8 ans. Même si un complément d'études peut à la rigueur se justifier pour les parties nouvellement urbanisées de VENDARGUES afin de valider les hypothèses d'urbanisation utilisées en 1995-96, tout ce qui concerne les bassins versants nord et les écoulements convergeant vers le Teyron reste d'actualité et pourrait parfaitement être utilisé en l'état pour mettre en œuvre le plus rapidement possible les mesures préconisées voici 8 ans.

Lors du conseil municipal du 26 novembre 2003, en présentant les mesures d'urgence qu'il proposait, le maire, prévoyant sans doute d'éventuelles critiques sur son inaction suite au schéma directeur de 1996 (dont M. SUZANNE avait été prendre copie la veille à la mairie), a déclaré qu'il avait pris contact quinze jours avant (sur un dossier qui dormait à la mairie depuis huit ans !...) avec la D.D.E. (Direction départementale de l'équipement, alors que le rapport de 1996 dit que c'est la Direction départementale de l'agriculture et de la forêt, la D.D.A.F., qui a compétence en la matière), qui lui avait dit qu'il n'était pas question de dévier les eaux du Teyron et du Routous vers le Salaison, car Mauguio ne serait pas d'accord.

Il est certain (et le rapport de la S.I.E.E. le soulignait déjà en 1995-96) que la commune de VENDARGUES ne peut prendre seule une telle décision, qui doit s'inscrire dans une approche plus globale des problèmes d'inondations impliquant toutes les communes concernées, et en particulier Saint-Aunès et Mauguio. Mais il est loin d'être clair que la solution préconisée par le schéma directeur de 1996 serait au préjudice de Mauguio.

En effet, le ruisseau qui s'appelle à VENDARGUES le Teyron devient à la sortie de VENDARGUES la fameuse Balaurie qui traverse à l'ouest de Mauguio des lotissements récents dont les habitants ont été plusieurs fois inondés ces derniers mois et dont les médias nous ont longuement parlé. Et cette Balaurie n'est elle-même qu'un affluent du Salaison, dans lequel elle se jette au sud-ouest de Mauguio, au niveau de la D 172 qui va de Mauguio à l'aéroport via Vauguières (voir la carte des zones inondables au nord de l'étand de l'Or disponible au format PDF sur ce site, elle aussi obtenue sur le site de la DIREN). En d'autres termes, toutes les eaux de ruissellement en provenance du nord de Vendargues finissent leur cours dans le Salaison d'une manière ou d'une autre. Dans la situation actuelle, elles se retrouvent toutes dans le Teyron, et donc dans la Balaurie, où elles contribuent à accroître les problèmes des lotissements situés le long de ce ruisseau, avant de finir dans le Salaison. Avec le plan proposé par S.I.E.E., elle iraient dans le Salaison sans traverser Vendargues et sans venir gonfler la Balaurie, contribuant ainsi à limiter les problèmes engendrés par ce ruisseau à Mauguio !

Par ailleurs, le Salaison en aval de Vendargues, que ce soit sur le territoire de la commune de Saint-Aunès ou sur celui de la commune de Mauguio, ne traverse pas de zones agglomérées, comme on peut s'en rendre compte sur la carte des zones inondables au nord de l'étand de l'Or mentionnée plus haut. Certes, un plan visant à lui faire recevoir plus en amont les eaux venant du nord de VENDARGUES devrait sans doute s'accompagner d'un plan de recalibrage de cette rivière pour réduire ou supprimer les problèmes qu'elle pose dès après son franchissement de la RN 113 à la limite entre VENDARGUES et LE CRÈS, et que met en évidence la carte précitée des zones inondables. Mais, même en l'état, ce plan aurait sans doute plus d'effets bénéfiques que nuisibles pour Mauguio et réduisant les problèmes posés par la Balaurie sans augmenter ceux posés par le Salaison au sud de Mauguio.

Notons d'ailleurs que les structures pour entreprendre une telle étude d'ensemble en concertation avec les administrations compétentes existe depuis déjà de nombreuses années avec la Charte intercommunale de la vallée du Salaison (une charte intercommunale est une forme de coopération intercommunale régie par les articles L. 5223-1 à L. 5223-3 du Code général des collectivités territoriales), qui regroupe toutes les communes riveraines du Salaison depuis plus de 10 ans et qui a signé un contrat de rivière en 1992 (voir à ce propos le Schéma départemental de valorisation des milieux aquatiques--SDVMA--de l'Hérault sur le site de la DIREN, et en particulier la fiche de présentation des affluents de l'étang de l'Or, dans laquelle il est dit, dans la section sur la préservation des milieux écologiques, qu'« un programme d’actions s’est concrétisé sur le Salaison dans le cadre d’un Contrat de Rivière signé en 1992, supporté par la Charte Intercommunale de la Vallée du Salaison » ; sur les contrats de rivière, voir la page qui leur est consacrée sur le site du ministère de l'environnement, où il est indiqué que, parmi les objectifs d'un tel contrat, peut figurer la « maîtrise des inondations »). C'est d'ailleurs avec cette structure qu'avait pris contact la S.I.E.E. en 1995-96, comme il est indiqué p. 14 du volume 1 de l'étude, et, à l'époque, elle n'avait pas soulevé d'objections à la solution de dérivation vers le Salaison du Teyron et du Routous. Mais il semble bien que depuis, les missions de la Charte, qui ont été revus en 2001 (cf. procès-verbal du conseil municipal du 25 septembre 2001, question 17) se soient diversifiées, et que, bien qu'on y trouve encore « protection et aménagement des rivières » (on y parle de rivières au pluriel car, entretemps, la charte s'est élargie pour inclure les communes riveraines de la Cadoule), on y trouve aussi des missions comme « matériels de réception » et il est de fait qu'on semble plus entendre parler de cette Charte lorsqu'il s'agit de trouver des tentes de réception, des tables et des chaises en quantité, voire des bus, comme celui que lui a récemment racheté la commune, que lorsqu'il est question de protection contre les inondations !...

Des bassins de rétention peuvent-ils suffire ?

On a déjà évoqué le fait que le coût des travaux à réaliser pouvait aussi être un facteur de choix. Or, si la dérivation du Teyron et du Routous a été chiffrée à 2,7 M€, la construction du bassin de rétention au nord de la RN 110 proposé aussi par S.I.E.E. en 1995-96 avait été chiffrée à 1,57 MF d'alors, soit environ 284.000 € d'aujourd'hui, c'est-à-dire 10 fois moins ! Devant une telle différence, on peut à juste titre se demander si une solution basée sur plusieurs bassins de rétention en amont de VENDARGUES ne viendrait pas à bout du problème. C'est d'ailleurs la solution vers laquelle le maire semble actuellement s'orienter, sans même attendre l'actualisation du rapport demandé à la S.I.E.E.. Mais, si cette solution peut en effet être sensiblement moins coûteuse, à première vue du moins, elle a des limites, comme on l'explique dans l'annexe sur les bassins de rétention, plus bas dans cette page, en particulier dans le cas d'épisodes à répétition comme celui du 22 septembre 2003. C'est en effet une solution qui peut être bien adaptée pour faire face à des épisodes pluvieux intenses mais relativement brefs, et largement espacés les uns des autres, pour permettre aux bassins de se vider complètement entre deux épisodes. Et surtout, le débit de fuite sur ces bassins (le débit maximum qu'ils laissent sortir, quel que soit le débit entrant, tant qu'ils ne sont pas pleins) doit être compatible avec le débit maximum acceptable par le réseau aval dans lequel ils se déversent. Or les études de la S.I.E.E. de 1995-96 ont montré que le réseau aval est déjà saturé en situation décénale sans les apports des bassins versants. Et cette étude précisait clairement que la solution du bassin de rétention proposée au nord de la RN 110 (celui que Système U propose de réaliser partiellement) n'était acceptable qu'en lien avec le renvoi des eaux du Bourbouisse vers un collecteur à créer rue de la Monnaie et se déversant dans la Cadoule (cf. rapport, vol. 2, p. 20). Sans des aménagements du réseau interne à la zone agglomérée, quel que soit le débit de fuite des bassins de rétention, il viendra ajouter de l'eau à un réseau déjà saturé par les eaux de la zone agglomérée !...

Au coût des bassins de rétention proprement dit, il faut donc ajouter, pour que cette solution change quelque chose (plus ou moins selon la taille et le nombre des bassins), le coût d'adaptation des réseaux de la zone agglomérée qui en est un préalable indispensable. Et là, le choix est simple : ou bien on continue à faire du Teyron le déversoir principal des quatre bassins versants (Teyron, Routous, Bourbouisse 1 et Bourbouisse 2) et il faut recalibrer le Teyron dans sa partie enterrée, ainsi que le collecteur de la rue des Balances, ou bien on met en œuvre la proposition de S.I.E.E. en réalisant le collecteur de la rue de la Monnaie et en y redirigeant les eaux venant du Bourbouisse. Mais même cette solution ne résout pas le problème du Teyron, comme on peut le voir en examinant la planche 3 du volume 1 du rapport de la S.I.E.E.. En effet, soulager le Teyron des 0,7 m3/s qui viennent de la rue des Balances résout le problème en situation décennale du secteur 700-800 du Teyron, en ramenant le débit à 3,7 m3/s (4,4 - 0,7), compatible avec le débit maximum acceptable par ce tronçon du Teyron, qui est de 4,2 m3/s, mais ne résout pas le problème du tronçon 800-810 (Place Adrien Granier - Croix de la mission), où le débit passerait de 6 m3/s à 5,3 m3/s, soit une valeur encore supérieure au maximum acceptable qui est de 4,5 m3/s. Et ce, en supposant nuls les apports des bassins versants du Teyron et du Routous !...

Bref, si un bassin de rétention à l'est de Système U, accompagné d'un reroutage du Bourbouisse vers un collecteur à créer rue de la Monnaie en direction de la Cadoule peut limiter les travaux de recalibrage du Teyron, mais pas en dispenser totalement, aucune solution fondée uniquement sur des bassins de rétention ne peut résoudre les problèmes liés aux bassins versants du Teyron et du Routous sans un recalibrage complet du Teyron dans la zone agglomérée, dont le coût est probablement plus proche de celui de la déviation du Teyron et du Routous que de la création d'un bassin de rétention.

Un choix avant tout politique

Mais il semble bien que le vrai problème n'est pas technique mais politique. Comme on l'a déjà dit, le coût du seul projet de dérivation du Teyron, 2,7 M€ (2.700.000 €) selon les estimations grossières actualisées de S.I.E.E., sans parler d'une participation à un éventuel recalibrage du Salaison et des autres travaux proposés sur le réseau d'assainissement pluvial dans la zone agglomérée de VENDARGUES, dépasse le coût de l'école Cosso ou de la Halle des sports promise et représente à lui seul plus d'un an moyen de réalisation effectives d'investissements de VENDARGUES (sur les trois années 2000 à 2002, les investissements effectivements réalisés dans l'année, tels qu'ils ressortent des comptes administratifs, se sont élevés respectivement à 3,5 M€, 2,3 M€ et 1,7 M€ environ, soit un total sur 3 ans de 7,5 M€, c'est-à-dire une moyenne de 2,5 M€ par an). Et, pour un maire, il est plus porteur d'inaugurer 6 mois avant les élections municipales une école ou une halle des sports qu'un canal dont on ne parlera jamais s'il joue bien son rôle puisqu'il produira des « non-événements » (pas d'inondation en cas de fortes pluies) que ne commenteront sans doute même pas les gens qui en auront bénéficié, qui finiront par oublier le temps où ils étaient inondés...

« Gouverner, c'est choisir », disait un homme politique célèbre. Et il est certain que choix il y a, car le budget d'investissements de la commune n'est pas extensible à l'infini, et que le choix n'est pas évident. Si la marge de manœuvre est faible lorsque le choix est entre une école devenue indispensable au quotidien et une dérivation qui n'est nécessaire qu'occasionnellement, à des intervalles qui peuvent se mesurer en années, car on peut alors différer de deux ou trois ans la dérivation en espérant qu'il n'y aura pas de pluies intenses d'ici là, elle est certainement plus large lorsque ce qui est en balance avec la dérivation, ce sont des équipements « de confort » (en ce sens qu'ils ne sont pas strictement indispensables au regard des obligations de la commune envers ses habitants) comme des équipements sportifs ou des salles pour des activités associatives, surtout lorsque leur multiplication au fil des ans (depuis 2000, et pour ne parler que des plus importants : arènes, espace Fuxa, nouveaux courts de tennis, pelouse synthétique et autres aménagements au stade, achat d'une salle dans la zone industrielle abandonnée ensuite au profit de la location et de l'aménagement du Bacchus, halle des sports) peut laisser penser que le « confort » finit par primer sur la sécurité des personnes et des biens face aux risques d'inondations.

En outre, le choix n'est pas nécessairement un « ou..., ou... » ( « ou le pluvial, ou la halle des sports », par exemple), mais se ramener simplement à une question de priorité : dans quel ordre faire ces investissements qui, sur la durée, sont possibles tous les deux ?

Toute la question est finalement de savoir si c'est au maire et à sa majorité de décider seuls de ce qui leur paraît le meilleur pour les Vendarguois, ou si, devant un tel choix, pluvial ou halle des sports aujourd'hui (et peut-être l'autre un ou deux ans plus tard), ou encore, pour le seul problème de pluvial, dérivation ou bassins de rétention, il ne serait pas opportun pour la majorité municipale de faire largement participer les premiers intéressés, les Vendarguois, au choix à faire, par exemple en organisant une consultation des Vendarguois sur le sujet selon les modalités prévues par les articles L. 2142-1 à L. 2142-8 du Code général des collectivités territoriales (une telle consultation peut même être imposée par les habitants si 1/5ème des électeurs inscrits sur les listes électorales le demande, cf. article L. 2142-3 dudit code).

En tout cas, nous espérons, par ce dossier, leur avoir donné une vision un peu plus claire des problèmes qui se posent et des choix à faire, et quelques éléments propres à éclairer ces choix. A eux maintenant de se tenir informés de la suite donnée par la majorité municipale à ces questions et de se faire entendre s'ils n'approuvent pas les choix préconisés par elle.

La suite de ce dossier dans la page de commentaires sur le Flash info Spécial de mars 2004 sur les actions en vue de lutter contre les inondations et dans la page rendant compte de l'actualisation du schéma directeur d'assainissement pluvial de Vendargues par la SIEE en 2004.


Annexes

Débits et cumuls

Lorsque les médias rendent compte de pluies exceptionnelles, ils annoncent des chiffres en millimètres ou en litres par mètre carré qui mesurent des cumuls sur une période donnée, en général la durée (pas toujours précisée) de l'épisode pluvieux. Ainsi, si l'on dit qu'il est tombé à tel endroit 200 mm de pluie, ou 200 l/m2 (ce qui est la même chose), ceci veut dire que, si l'on avait placé à cet endroit un réservoir parfaitement plan d'un mètre carré clos par des parois verticales assez hautes, vide au début de l'épisode pluvieux, à la fin de cet épisode, le niveau d'eau dans le réservoir serait de 200 mm (soit 20 cm, ou encore 0,2 m), ce qui veut dire qu'il contiendrait 200 litres d'eau (1 m2 x 0,2 m = 0,2 m3 = 200 dm3 = 200 l).

Par contre, lorsqu'on étudie le dimensionnement d'un réseau d'assainissement pluvial, on raisonne en termes de débits, mesurés en mètres cubes par seconde (m3/s), puisque le but des canalisations n'est pas de retenir l'eau, mais au contraire de lui permettre de s'écouler, et ce, le plus vite possible pour éviter justement les accumulations et les débordements.

Or il n'y a pas de lien direct entre la mesure du cumul et celle du débit nécessaire pour évacuer l'eau tombée, puisque le débit dépend en partie du temps qu'a duré l'épisode pluvieux. On comprend facilement que s'il faut vider notre bassin dans lequel sont tombés 200 litres d'eau, il faudra 200 secondes si le tuyau d'évacuation peut évacuer 1 litre par seconde, et 400 secondes s'il ne peut évacuer qu'1/2 litre par seconde.

Et bien sûr, le problème se complique lorsqu'on ne parle plus d'un simple bassin d'un m2, mais de superficies se mesurant en kilomètres carrés, avec des pentes plus ou moins raides, des surfaces plus ou moins absorbantes et plus ou moins régulières, des canalisations connectées entre elles ayant elles-mêmes des pentes différentes, etc. Dans la réalité, l'eau présente à un instant donné en un point donné du territoire étudié est l'eau qui tombe à ce moment-là en ce point, plus l'eau qui y arrive par ruissellement de zones situées en amont. Cette eau de ruissellement est de l'eau tombée plus tôt en amont, et d'autant plus tôt auparavant que les zones amont sont plus éloignées du point étudié. Pour parvenit à modéliser ces phénomènes et à estimer le débit nécessaires en un point donné du réseau pour évacuer sans débordement les eaux de pluie, il faut donc identifier toutes les parties de territoire dont les eaux de pluies peuvent finir, par ruisellement naturel ou canalisation, par arriver au point étudié (ce qui conduit à la notion de bassin versant), et aussi estimer la vitesse de ruissellement dans les différentes parties du territoire. Mais il faut aussi faire des hypothèses sur la structure du phénomène pluvieux étudié : ce n'est en effet pas la même chose d'avoir une pluie qui va déverser 100 mm de pluie de manière régulière sur 10 heures (soit 10 mm par heure) ou une pluie qui va déverser les mêmes 100 mm sur 10 heures, mais avec la moitié de ce cumul, soit 50 mm, tombant en une heure au milieu de l'épisode. Dans le premier cas, il faudra savoir évacuer 10 mm par heure, dans le second, il faudra être capable d'évacuer 50 mm tombant en une heure. On comprend bien qu'en termes de débit des canalisations, ce n'est pas la même chose.

C'est à l'aide de programmes informatiques sophistiqués que les cabinets d'étude spécialisés peuvent simuler des épisodes pluvieux exceptionnels et calculer les débits requis aux différents points du réseau d'assainissement pluvial. Et c'est exactement ainsi qu'a procédé la S.I.E.E. pour l'étude de 1995-96.

Il faut donc avoir présent à l'esprit ce qui vient d'être dit pour comprendre les chiffres figurant dans le tableau de la page 5 du premier volume de cette étude et les comparer aux chiffres annoncés par les médias à propos des pluies du 22 septembre et du 3 décembre 2003.

Le premier élément d'interprétation à prendre en considération est le profil de l'épisode pluvieux pris en considération, qui est présenté dans l'annexe 1 sous le nom de « Pluie de projet de Desbordes ». Ce qu'il faut noter tout d'abord, c'est qu'il s'agit d'un épisode qui dure toujours 4 heures (ainsi donc, si l'on veut rapprocher les données de l'étude des pluies du 22 septembre, il faut considérer que le 22 septembre a donné lieu, non pas à un, mais à deux tels épisodes successivement, un le matin et l'autre dans l'après-midi, et s'intéresser, non au cumul total, mais à deux cumuls distincts, celui du matin et celui du soir, information qui n'a pas été donnée par les médias). D'autre part, le profil de l'épisode étudié n'est pas régulier, mais présente une pointe plus ou moins longue, dite « période intense », pendant laquelle l'intensité de la pluie atteint son maximum.

Le tableau de la page 5 se lit donc ainsi, par exemple pour la ligne correspondant aux pluies dites « centenales », c'est-à-dire supposées ne se produire qu'une fois par siècle en moyenne : trois profils distincts ont été étudiés pour ce type d'épisode pluvieux : un premier suppose qu'il tombe en 4 heures 108 mm, avec une période intense ne durant que 15 mn pendant lesquelles il tombe 36 mm sur le total de 108 mm ; un autre cas est celui où il tomberait, toujours en quatre heures, 119 mm, mais avec une période intense durant cette fois 30 mn pendant lesquelles il tomberait 57 mm sur les 119 mm du total ; enfin un dernier cas est celui où il tomberait 131 mm en quatre heures avec une période intense d'une heure pendant laquelle il tomberait 82 mm sur les 131 mm du total.

L'examen de ce tableau confirme que le seul chiffre du cumul n'est pas suffisant pour juger de l'effet de l'épisode : car si les 131 mm du troisième profil sont supérieurs aux 108 mm du premier, les 82 mm de la période intense d'une heure, soit 20,5 mm par quart d'heure (si l'intensité restait régulière pendant toute la période intense, ce qui n'est pas le cas, comme le montre le schéma de l'annexe 1), représentent une intensité inférieure aux 36 mm en un quart d'heure du premier profil. Or, on l'a vu, c'est plus l'intensité de la pluie que le simple cumul qui est significatif pour le dimensionnement des réseaux.

Bassins de rétention (ou d'écrêtage)

(Cette section a été réécrite le 12 novembre 2004)

Si l'objectif final d'un réseau d'assainissement pluvial est bien d'évacuer les eaux de pluie par des circuits imposés vers le lieu où elle irait de toutes façons d'elle-même de manière plus désordonnée en l'absence de ce réseau, c'est-à-dire une rivière, un lac, un étang ou directement la mer, une manière de soulager un tel réseau en cas de pluies intenses consiste à prévoir des endroits où une partie des eaux à évacuer peuvent être stockée temporairement sans danger pour les populations en attendant que le réseau puisse les évacuer à son débit. C'est l'idée derrière les bassins de rétention.

Un bassin de rétention artificiel est un réservoir plus ou moins grand situé sur le parcours des voies naturelles (ruisseau, par exemple) ou artificielles (canalisation d'évacuation des eaux pluviales) suivies par les eaux de pluie pourvu d'une voie d'évacuation au fond du bassin (un déversoir calibré vers l'aval du ruisseau ou une canalisation consitutant la suite du réseau pluvial) qui fait qu'en temps normal il reste vide. Cette voie d'évacuation est calibrée pour limiter le débit sortant lorsque le bassin commence à se remplir. On appelle ce débit sortant le débit de fuite du bassin. Tant qu'il ne pleut pas, le bassin reste vide, soit, si le bassin est installé sur le réseau pluvial artificiel (par exemple, à Vendargues, le bassin de rétention de la place Charles de Gaulle), parce qu'il ne circule pas d'eau dans ce réseau par temps sec, soit, si le bassin est installé sur le cours naturel d'un ruisseau, parce que le débit de fuite du bassin est supérieur au débit du ruisseau par temps sec (le fond du bassin et le déversoir calibré servent alors de lit artificiel au ruisseau sans ralentir son cours).

Par contre, dès qu'il commence à pleuvoir, le débit entrant dans le bassin augmente progressivement, plus ou moins vite selon l'intensité de la pluie et sa durée. En première approximation, on pourrait penser que tant que le débit entrant reste inférieur au débit de fuite du bassin, celui-ci ne se remplit pas et qu'il ne commence à se remplir que lorsque le débit entrant devient supérieur au débit de fuite. En réalité, les choses sont plus compliquées que ça. Le débit de fuite qui est donné pour le bassin correspond au débit sortant lorsque le bassin est plein, c'est-à-dire qu'il constitue un maximum qu'il vaut mieux ne jamais atteindre (car alors, le bassin commencerait à déborder si la pluie continuait). Ce débit suppose donc l'utilisation de toute la section de la canalisation d'évacuation, et tient compte aussi de la pression de l'eau au niveau du déversoir, qui dépend de la hauteur d'eau dans le bassin, c'est-à-dire de la profondeur du bassin.

Dès qu'il commence à pleuvoir, de l'eau s'écoule du bassin en même temps qu'il commence à se remplir. Des modèles mathématiques permettent de simuler sur ordinateur l'évolution du débit sortant du bassin au fil du temps en fonction du profil de l'épisode pluvieux (durée et intensité de la pluie) et de la taille et de la disposition spaciale du bassin et de son évacuation. Ces modèles distinguent deux phases, selon que le niveau dans le bassin n'a pas encore atteint le haut de la canalisation d'évacuation (et que donc toute la section de cette canalisation n'est pas utilisée) ou que le niveau dans le bassin recouvre complètement la canalisation d'évacuation.

Ce qu'on peut dire sans rentrer dans les détails techniques, c'est que le débit sortant du bassin croit au fil du temps, éventuellement jusqu'à sa valeur maximale, mais qu'il est toujours inférieur à ce qu'il aurait été à l'aval du bassin en l'absence de celui-ci et qu'il ne peut dépasser, dans les voies d'écoulement prévues (réseau pluvial aménagé ou cours du ruisseau sur lequel est le bassin) la valeur maximale caractéristique du bassin. Par contre, si cette valeur maximale est atteinte avant la fin de l'épisode pluvieux et qu'à ce moment le débit entrant reste supérieur au débit de fuite, le bassin déborde et l'eau se retrouvera ailleurs par ruissellement incontrôlé !...

Une autre caractéristique importante d'un bassin de rétention est donc le temps qu'il lui faut pour se remplir et pour atteindre son débit de fuite nominal (maximum). Et bien évidemment, ce temps dépend, non seulement du volume du bassin, mais aussi du profil de l'épisode pluvieux envisagé, c'est-à-dire de l'évolution du débit d'eau entrant dans le bassin au fil du temps (pas seulement la quantité d'eau qui tombe au total, mais aussi la vitesse à laquelle elle tombe et la manière dont cette intensité de la pluie évolue dans le temps du début à la fin de l'épisode pluvieux). Il faut donc faire ce calcul pour les différents scénarios possibles : pluies décennales, trentenaires, cinquantenaires, centennales... (en sachant qu'il y a plusieurs scénarios pour chaque périodicité de retour, certains plus intenses sur une plus courte durée, d'autres plus longs mais moins intenses au pic d'intensité) et voir si, dans chaque cas, ce temps de remplissage reste supérieur à la durée de l'épisode pluvieux simulé.

Enfin, il est intéressant de savoir combien de temps il lui faut pour se vider une fois plein, car, si une nouvelle pluie intervient avant qu'il se soit vidé, son effet temporsateur sera réduit par rapport à ce nouvel épisode pluvieux, et d'autant plus réduit qu'il sera plus plein au début de ce nouvel épisode (on a eu un phénomène pluvieux qui aurait pu poser ce genre de problèmes le 22 septembre 2003, avec deux épisodes pluvieux intenses à quelques heures d'intervalle, et le second, celui de l'après-midi, plus intense encore que le premier). Ce temps de vidange est toujours supérieur au temps qu'on obtient en divisant le volume du bassin par son débit de fuite maximum, puisque justement celui-ci est un maximum valable uniquement lorsque le bassin est plein, et qui décroît au fur et à mesure que le niveau (et donc la pression de l'eau) baisse dans le bassin, ce qui fait que le bassin se vide de moins en moins vite au fur et à mesure qu'il est de moins en moins plein.

Le dimensionnement d'un bassin de rétention s'appuie sur des simulations informatiques du ruissellement sur les bassins versants concernés et du comportement du bassin (temps de remplissage et profil d'évolution du débit de fuite) en fonction de divers profils d'épisodes pluvieux plus ou moins fréquents (décennal, trentenaire, cinquantenaire, centennal). Il doit aussi prendre en compte diverses contraintes : disponibilité de terrains utilisables, conditionnant la superficie du bassin, pente du terrain limitant la profondeur du bassin (il doit rester de la pente en aval du bassin pour que l'écoulement puisse se faire), capacité du réseau pluvial aval à absorber le débit de fuite maximal envisagé pour le bassin.

Le rôle possible des carrières

L'annexe précédente a décrit le fonctionnement de bassins de rétention artificiels. La question se pose de savoir si les carrières au nord de VENDARGUES (carrière Michelet et carrière « Les Peyrières ») peuvent jouer ce rôle par rapport au Teyron. Cette question a été traitée par l'étude S.I.E.E. Le problème est que, contrairement à un bassin artificiel, les carrières n'ont pas d'écoulement naturel suffisant au fond : elles ne se vident, une fois remplies, que par infiltration, à un débit de fuite très faible. Et l'étude de la S.I.E.E., vol. 1, p. 13, a conclu que les solutions envisageables pour augmenter ce débit de fuite n'étaient pas acceptables.

En l'état, les carrières absorbent en totalité l'eau du Teyron au début de l'épisode pluvieux et commencent à déborder dès qu'elles sont pleines, envoyant vers le réseau aval dans VENDARGUES la totalité du débit qu'elles reçoivent alors. Cela revient à dire qu'elles ont un rôle temporisateur lorsqu'il n'est pas nécessaire (au début de l'épisode pluvieux) et ne jouent plus aucun rôle dans les situations graves. C'est pourquoi l'étude proposait d'en modifier le rôle en détournant légèrement le Teyron pour qu'il ne passe plus à travers les carrières, mais à côté. Dans cette proposition, le Teyron détourné était dimensionné pour accepter un débit maximal déterminé par les simulations en fonction de ce qu'on considérait acceptable pour l'aval, et un dispositif lui permettait de déborder dans les carrières lorsque le débit dépassait cette valeur. Les carrières jouaient ainsi un rôle d'écrêtage, comme les bassins artificels, et ne servaient que lorsque la situation devenait sérieuse. Certes, ce rôle restait limité par leur capacité et, en cas d'épisodes à répétition, par leur plus grande lenteur à se vider par infiltration, mais du moins était-il optimisé.


Le site de Bernard SUZANNE, ancien conseiller municipal de VENDARGUES (Hérault)
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Dernière mise à jour le 13 novembre 2004